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samedi 23 octobre 2010

Samedi 23 octobre : Plaisirs et malheurs de la route

L’idée même de quitter « Port-au-Prince » suffisait à me rendre heureuse ! « Bon repos », le nom de mon quartier, n‘a finalement de repos que le nom… Il concentre à lui seul tous les aléas d‘une banlieue pauvre : rues sales et mal aménagées, résultat d’une urbanisation sauvage. La saison des pluies n’aidant pas, il faudrait parfois des pirogues pour traverser certains endroits ! Les moustiques quant à eux se font un malin plaisir de me piquer tous les soirs…

Bref il était temps d’aller voir ailleurs ! Direction « Port-à-Piment », une bourgade située a l’extrême sud du pays. Vu sur une carte, ça parait loin de la capitale, et je dois m’y rendre pour une seule journée de travail ! Mais mon guide m’annonce que c’est beau... Je m’arrange alors pour caler ce déplacement un vendredi et ainsi pouvoir y passer mon week-end également. Pour s’y rendre il faut prendre un bus jusqu’à « Cayes », chef-lieu du département du sud, puis un taxi de brousse pour boucler le trajet. La première partie du voyage s’est fait en bus de la compagnie « Transport chic »… Et le voyage le fut en effet : climatisation, achat des billets à un comptoir contre reçu… Un monde le sépare de mon « Tap-tap » quotidien !

A peine sortie du blocus de la ville, que j’aperçois sur ma droite une immense étendue bleue : l’Océan Atlantique ! J’avais presque oublié que je suis sur île, et que le pays est bordé par plus de 1500 km de côtes ! La vue est superbe, la route un peu moins depuis le 1er janvier dernier… On peut encore voir les fissures causées par le séisme jusqu’ à « Leogane », ville détruite à près de 80% lors du tremblement de terre. Une fois l’océan perdu de vue, qu’apparaissent alors les montagnes, couvertes d’une végétation dense et variée. Sur ma gauche l’Etang, un fleuve qui témoigne a lui seul de la montée des eaux suite aux ouragans et cyclones des années passées.  Le pont principal qui traversait le fleuve a été recouvert par les eaux, ce qui nous oblige à prendre plusieurs déviations avant d’atteindre la ville de « Petit Gouave » Encore quelques montagnes, plusieurs déviations et nous arrivons alors à « Miragouane » Enfin, une halte à la station service ! Je n’ai d’ailleurs toujours pas compris pourquoi le vigil d’une station service porte une « kalachnikov » en plein jour ! Mais passons, il y a bien d’autres choses encore à comprendre…

Quelques kilomètres plus loin, de l’eau turquoise…. Tiens,  l’Atlantique a changé de couleurs par ici, me suis-je dis ! Mais non, mon accompagnatrice m‘informe qu’ici, c’est la mer des Caraïbes. Décidément, cette journée est bénît des Dieux ! Je plonge alors mon regard dans cette eau splendide et laisse libre cours à mon imagination, au gré des vagues : une petite plage à moi toute seule, une belle et grande maison que j’y construirai…. Dans ces conditions, pas besoin de beaucoup d’efforts pour convaincre mon Laurent de me rejoindre pour de bon !  Au début de mes rêves, je voulais construire un hôtel, mais à quoi bon se tracasser avec la gestion de quoi que ce soit ? Je n’aurai aucun mal à acheter un terrain et y construire une maison tout de même ! L’argent ne devrait pas être un problème. Nous inviterions familles et amis à passer des vacances paisibles dans notre humble demeure… Mais j’ai dû sursauter au son des klaxons ! Nous voilà alors à l’entrée de « Cayes », terminus du bus, après 5h de route…

Place désormais aux transports « locaux »... Pour nous rendre de « Cayes » à « Port-à-Piment » nous n’avons d’autre choix que le taxi de brousse.  Nous voici donc parqués à l’arrière d’une camionnette, sous une bâche faisant monter la température à 40° ! Pas question de descendre et d’attendre dehors que le véhicule se remplisse, on y perdrait notre maigre place... C’est ainsi qu’après 1h30 d’attente, le conducteur se résout enfin à partir malgré une ou deux places « libres »… Pour nous qui sommes déjà dans la camionnette, il n’y a nulle part de place de libre, mais nous serions plutôt en surcharge ! Après 20 km à  peine, une fumée noire commence à se dégager du pot d’échappement… Le conducteur immobilise le véhicule en plein milieu de la route, heurtant au passage un motocycliste qui venait en sens opposé ! Le pauvre a dû avoir la peur de sa vie en voyant un véhicule foncé sur lui à toute allure... Mais heureusement, plus de peur que de mal : la moto a perdu tout ce qu’elle pouvait encore perdre (pare-choc, phare, etc.) mais le conducteur est sorti indemne… tout comme nous ! Après une « semi-bagarre » entre le motocycliste et notre apprenti-chauffeur et plus d’une heure d’attente, se présente à nous un camion allant à « Port-à-Piment » et propose à qui veut bien y payer de les y amener. Notre conducteur refusera de nous rembourser sous prétexte que son patron envoie un mécano de « Cayes » Ni une ni deux, me voilà embarquée dans ce nouveau camion pour 150 « gourdes »,  soit 3 euros. Me voici alors perchée sur les marchandises, haut, très haut, au même niveau que le toit du camion, agrippée à des cordes.

Ce fut le meilleur moment de tout le trajet ! Je dominais la ville, la mer, et j’avais une belle vue sur la montagne… C’était impressionnant ! Et plus on avançait, plus le route rétrécissait, laissant apparaître une belle et petite ville : « Port à Piment » L’aventure pouvait continuer ! Au programme de mes deux jours et demi de week-end : plage, poissons boucanées, plage, visite de la plus grande grotte des caraïbes, plage….

A bientôt avec les photos de la grotte et des nouvelles de « Port-à-Piment »

Ps : Lorsque je dis que la route est dangereuse, c’est essentiellement parce que les conducteurs sont fous ! A notre retour à « Port-au-Prince », le conducteur du bus a dû s’arrêter pour porter secours à des accidentés : Le chauffeur d’une camionnette a semble t-il pris un virage à pleine vitesse ! Résultat : cinq morts dont deux enfants et plusieurs blessés…

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