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samedi 6 novembre 2010

Ce que je fais réellement en Haïti… 06/11/2010

Tout d'abord, toutes mes excuses à mes fidèles lecteurs... En effet, je n’écris pas beaucoup d’articles sur ce blog en ce moment du fait des nombreuses coupures d’électricité qui peuvent parfois durer six jours d’affilé ! En effet, les poteaux électriques sont tombés suite aux fortes pluies qui déferlent sur Haïti en ce moment. Du coup, dès que le courant est rétabli, je travaille comme une folle jusqu’à la prochaine coupure….

Quoi qu’il en soit, nombreuses sont les personnes qui m’ont envoyé un message pour savoir ce que je faisais concrètement en Haïti... Voici donc quelques éclaircissements !

Je suis bénévole pour une petite association française : Cœur D’Haïti. Je suis partie pour trois mois et devrais y retourner en janvier ou février avec un statut plus intéressant (financièrement je veux dire..)

Depuis le 2 octobre dernier, je suis chargée de faire une étude de terrain afin de mettre en place un projet qui tournera autour de l’éducation. Je rencontre ainsi des écoles défavorisées (à côté, nos ZEP c’est l’ENA…), je discute avec les parents d’élèves pauvres, les enseignants mal payés, des associations locales qui travaillent avec des petites écoles démunies, etc. Le programme que souhaiterait mettre en place Cœur d’Haïti a pour objectif premier l’éducation, mais il s’intéresse également à l’environnement dans lequel les élèves évoluent ; il vise à apporter un soutien financier et technique aux écoles ; à mettre en place des micro-crédits pour permettre aux parents de prendre en charge leurs enfants ; à former les enseignants pour améliorer la qualité de leur intervention auprès des élèves ; et enfin, à mettre en place des cantines scolaires dans les écoles les plus défavorisées. La prochaine étape sera l’élaboration des projets et la recherche de financements. Mais nous comptons commencer ces activités avant mon départ le 22 décembre prochain avec le peu de fonds dont nous disposons.

Voilà en gros ce que je fais !

Depuis le dernier article j’ai déménagé du quartier de « Bon repos » et j’habite désormais au centre-ville de Port-au-Prince. Et oui, en ville ! Je suis hébergée par une famille de 8 frères et sœurs, âgés de 15 à 32 ans, dont les parents vivent au village. Il y a au sein de cette fratrie un médecin, une journaliste, un comptable, trois étudiants et deux lycéennes. L’ambiance est super et je m’y sens parfaitement bien. Ils sont très sympa avec leur hôte africaine et m’accompagne pour sortir dès que l’occasion se présente. J’ai déjà assisté à des mini-concerts de « Compa » (la musique nationale) et aie visité des clubs de danse latino. Je compte d’ailleurs m’y inscrire avant mon départ pour apprendre les pas de base, parce que je leur fait honte à chaque fois que nous y allons.

En ce qui concerne les photos, ce sera décidément très difficile d’en mettre en ligne sur ce blog avant mon retour en France, les connexions internet étant trop lentes ! Je tenterai tout de même d’en mettre quelques unes de la grotte Marie-Jeanne (que j’ai visité dans le sud du pays il y a quelques semaines) avant mon retour.

Dès que l’EDF local le permettra, je vous enverrai des nouvelles de mes observations de la vie haïtienne et autres découvertes. 

A bientôt.

samedi 23 octobre 2010

Samedi 23 octobre : Plaisirs et malheurs de la route

L’idée même de quitter « Port-au-Prince » suffisait à me rendre heureuse ! « Bon repos », le nom de mon quartier, n‘a finalement de repos que le nom… Il concentre à lui seul tous les aléas d‘une banlieue pauvre : rues sales et mal aménagées, résultat d’une urbanisation sauvage. La saison des pluies n’aidant pas, il faudrait parfois des pirogues pour traverser certains endroits ! Les moustiques quant à eux se font un malin plaisir de me piquer tous les soirs…

Bref il était temps d’aller voir ailleurs ! Direction « Port-à-Piment », une bourgade située a l’extrême sud du pays. Vu sur une carte, ça parait loin de la capitale, et je dois m’y rendre pour une seule journée de travail ! Mais mon guide m’annonce que c’est beau... Je m’arrange alors pour caler ce déplacement un vendredi et ainsi pouvoir y passer mon week-end également. Pour s’y rendre il faut prendre un bus jusqu’à « Cayes », chef-lieu du département du sud, puis un taxi de brousse pour boucler le trajet. La première partie du voyage s’est fait en bus de la compagnie « Transport chic »… Et le voyage le fut en effet : climatisation, achat des billets à un comptoir contre reçu… Un monde le sépare de mon « Tap-tap » quotidien !

A peine sortie du blocus de la ville, que j’aperçois sur ma droite une immense étendue bleue : l’Océan Atlantique ! J’avais presque oublié que je suis sur île, et que le pays est bordé par plus de 1500 km de côtes ! La vue est superbe, la route un peu moins depuis le 1er janvier dernier… On peut encore voir les fissures causées par le séisme jusqu’ à « Leogane », ville détruite à près de 80% lors du tremblement de terre. Une fois l’océan perdu de vue, qu’apparaissent alors les montagnes, couvertes d’une végétation dense et variée. Sur ma gauche l’Etang, un fleuve qui témoigne a lui seul de la montée des eaux suite aux ouragans et cyclones des années passées.  Le pont principal qui traversait le fleuve a été recouvert par les eaux, ce qui nous oblige à prendre plusieurs déviations avant d’atteindre la ville de « Petit Gouave » Encore quelques montagnes, plusieurs déviations et nous arrivons alors à « Miragouane » Enfin, une halte à la station service ! Je n’ai d’ailleurs toujours pas compris pourquoi le vigil d’une station service porte une « kalachnikov » en plein jour ! Mais passons, il y a bien d’autres choses encore à comprendre…

Quelques kilomètres plus loin, de l’eau turquoise…. Tiens,  l’Atlantique a changé de couleurs par ici, me suis-je dis ! Mais non, mon accompagnatrice m‘informe qu’ici, c’est la mer des Caraïbes. Décidément, cette journée est bénît des Dieux ! Je plonge alors mon regard dans cette eau splendide et laisse libre cours à mon imagination, au gré des vagues : une petite plage à moi toute seule, une belle et grande maison que j’y construirai…. Dans ces conditions, pas besoin de beaucoup d’efforts pour convaincre mon Laurent de me rejoindre pour de bon !  Au début de mes rêves, je voulais construire un hôtel, mais à quoi bon se tracasser avec la gestion de quoi que ce soit ? Je n’aurai aucun mal à acheter un terrain et y construire une maison tout de même ! L’argent ne devrait pas être un problème. Nous inviterions familles et amis à passer des vacances paisibles dans notre humble demeure… Mais j’ai dû sursauter au son des klaxons ! Nous voilà alors à l’entrée de « Cayes », terminus du bus, après 5h de route…

Place désormais aux transports « locaux »... Pour nous rendre de « Cayes » à « Port-à-Piment » nous n’avons d’autre choix que le taxi de brousse.  Nous voici donc parqués à l’arrière d’une camionnette, sous une bâche faisant monter la température à 40° ! Pas question de descendre et d’attendre dehors que le véhicule se remplisse, on y perdrait notre maigre place... C’est ainsi qu’après 1h30 d’attente, le conducteur se résout enfin à partir malgré une ou deux places « libres »… Pour nous qui sommes déjà dans la camionnette, il n’y a nulle part de place de libre, mais nous serions plutôt en surcharge ! Après 20 km à  peine, une fumée noire commence à se dégager du pot d’échappement… Le conducteur immobilise le véhicule en plein milieu de la route, heurtant au passage un motocycliste qui venait en sens opposé ! Le pauvre a dû avoir la peur de sa vie en voyant un véhicule foncé sur lui à toute allure... Mais heureusement, plus de peur que de mal : la moto a perdu tout ce qu’elle pouvait encore perdre (pare-choc, phare, etc.) mais le conducteur est sorti indemne… tout comme nous ! Après une « semi-bagarre » entre le motocycliste et notre apprenti-chauffeur et plus d’une heure d’attente, se présente à nous un camion allant à « Port-à-Piment » et propose à qui veut bien y payer de les y amener. Notre conducteur refusera de nous rembourser sous prétexte que son patron envoie un mécano de « Cayes » Ni une ni deux, me voilà embarquée dans ce nouveau camion pour 150 « gourdes »,  soit 3 euros. Me voici alors perchée sur les marchandises, haut, très haut, au même niveau que le toit du camion, agrippée à des cordes.

Ce fut le meilleur moment de tout le trajet ! Je dominais la ville, la mer, et j’avais une belle vue sur la montagne… C’était impressionnant ! Et plus on avançait, plus le route rétrécissait, laissant apparaître une belle et petite ville : « Port à Piment » L’aventure pouvait continuer ! Au programme de mes deux jours et demi de week-end : plage, poissons boucanées, plage, visite de la plus grande grotte des caraïbes, plage….

A bientôt avec les photos de la grotte et des nouvelles de « Port-à-Piment »

Ps : Lorsque je dis que la route est dangereuse, c’est essentiellement parce que les conducteurs sont fous ! A notre retour à « Port-au-Prince », le conducteur du bus a dû s’arrêter pour porter secours à des accidentés : Le chauffeur d’une camionnette a semble t-il pris un virage à pleine vitesse ! Résultat : cinq morts dont deux enfants et plusieurs blessés…

dimanche 17 octobre 2010

Dimanche 17 octobre : Une lueur de liberté

Tout le monde  a certainement déjà entendu parler de l’insécurité en Haïti : des 4 à 5000 prisonniers qui se sont fait la belle le jour du séisme, des gangs qui s’affrontent pour le contrôle du territoire et autres trafics en tout genre… Et c’est avec cette idée terrifiante que je suis moi-même arrivée ici ! Mais voilà, après plus de quinze jours passés dans le pays, vivant dans la banlieue éloignée de Port-au-Prince, je puis désormais dire que les seules personne dangereuses que je rencontre sont les conducteurs de taxi-moto, de taxi collectif (appelés ici les « taps-taps »), de véhicule personnel et… les piétons ! Autant dire que tout le monde est potentiellement dangereux pour les autres mais aussi et surtout… pour lui-même !

Personnellement, pour me rendre au cybercafé le plus proche, je prends un taxi moto puis un « tap-tap », soit  moins de vingt minutes de trajet en tout et pour tout, toujours accompagnée. Les deux premiers jours, j’étais contente d’avoir un « garde du corps » ! Toutefois, le cinquième jour, je demande à me rendre seule au cybercafé : je connais désormais bien le chemin et je pourrais même m’y rendre à pied si ce n’était pas la saison des pluies… La réponse fut sans appel : non !

On m’explique que c’est dangereux. Je veux bien admettre que se promener dans les bas-quartiers de Port-au-Prince soit dangereux, mais ici ? Qu’y a t-il de si dangereux sur mon petit trajet, qui plus est en plein jour ? On me répète alors que c’est tout le pays qui est dangereux, très dangereux ! Chacun y va de sa petite histoire : la semaine précédente, on a assisté à une agression en plein centre ville. Un type habillé façon « rappeur US » avec des chaînes « bling-bling » en or  s’est fait tiré une balle dans le pied, a été dépouillé de ses bijoux et de son argent, et en plein jour !

J’avoue que toutes ces histoires me font peur... Mais je ne m’habille pas en « rappeur US », je ne porte pas de collier (comme il m’a été recommandé de le faire) et en plus je n’ai pas l’intention d’aller en ville, mais juste au cybercafé d’à côté !

Mais rien n’y fait… J’ai encore été accompagnée ce jour-là ! Mais contrairement aux autres, c’est moi qui ai donné les indications au chauffeur du taxi-moto (en créole s’il vous plait !), et qui ai dis stop au « tap-tap » 200 mètres avant le cybercafé… Pourquoi 200 mètres avant ? Pour qu’il puisse s’arrêter 200 mètres après, une fois que les freins ont bien voulu fonctionner ! Ayant démontré à l’aller comme au retour que je savais monter à moto, héler un « tap-tap », dire merci chauffeur quand je suis assis à coté de lui et « taper mou si vou plé » lorsque je suis à l’extrémité de la voiture, j’ai enfin eu le droit de sortir de la maison seule, comme une grande, sans qu’il ait quelqu’un qui me surveille 24 heures sur 24 !

Cette nouvelle liberté reste somme toute limitée me direz vous… Mais pas question d’aller seule en ville ! Ils m’ont tous fait tellement peur que l’idée ne m’effleure même pas l’esprit pour l’instant !

Ps : C’est pour toutes ces considérations sécuritaires qu’il n’y toujours pas de photo sur le blog… Je n’ose pas sortir mon appareil photo en ville ! De toute façon il n’y a rien à photographier, hormis les ruines du palais présidentiel et de la cathédrale, que beaucoup ont déjà vu à la télévision ou sur internet !

vendredi 15 octobre 2010

Vendredi 15 octobre : Une rentrée pas comme les autres... Enfin, pour moi !

Lundi matin, jour de rentrée scolaire : la cour de l’école, qui est aussi celle de la maison où je loge, commence à se remplir d’enfants dès 7h, l’heure officielle de la rentrée étant fixée à 7h30 par la directrice de l’établissement (Je parlerai du système scolaire Haïtien dans un prochain article)

Personnellement, je me suis réveillée comme d’habitude entre 5h30 et 6h, reposée après 10h de sommeil ! Et oui, ici on se couche tôt (aux environs de 20h…) mais j’étais également impatiente d’assister à ma première rentrée scolaire « à l’haïtienne »

De premier abord, ça ressemble à toutes les rentrées : Les enfants viennent en uniforme avec leurs sacs à dos tout neuf, les nouvelles tresses africaines ornées de barrettes, chouchous et autres babioles  pour les filles, les pleurs des plus petits dont c’est la première rentrée et aussi la première séparation avec  maman… tous les enfants étant accompagnés par leurs parents plus stressés encore que leurs progénitures ! De premier abord seulement…

Car leur journée commencera par une prière, en présence des parents, pour rendre gloire à Jésus de leur permettre d’assister à ce merveilleux premier jour de classe ! Une fois les bisous et les au-revoir terminés, les enfants se retrouvent alors seuls avec les enseignants. Arrive alors la montée du drapeau nationale sur le toit de l’école, accompagnée par l’hymne nationale chantée à tue-tête par les enfants (ce qui n’est pas une nouveauté pour moi, la chose se passait de la même manière au Niger) Une fois le drapeau flottant au-dessus de l’école, les élèves se regroupent en devant celui-ci, tête levée et doigt pointé vers le ciel pour prêter serment, respect et fidélité au drapeau de leur cher pays ! Ils remercieront ainsi toute une liste de personnes pour les avoir retirés du joug de l’esclavage et avoir instauré la première République Noire. Je cite : « Je promets fidélité au drapeau de ma patrie qui témoigne des efforts conjugués par nos aïeux afin de nous libérer du joug  de l’esclavage et nous léguer ce coin de liberté » Après cette séance pleine d’émotion, dont les enfants ne mesurent sans doute pas toute l’ampleur et la signification, enseignants et élèves prennent place sur les chaises alignées dans la cour. La directrice de l’école invite alors tout le monde à fermer les yeux, afin de laisser place à la seconde prière ! On loue encore et encore l’Eternel Jésus… avant d’entonner une batterie de chansons à la gloire de Dieu. Peut alors enfin commencer cette première journée d’école : Répartition des salles, appel et présentation des élèves, distribution des fournitures…

La journée se terminera à 14h par… une prière !

dimanche 10 octobre 2010

Les bases de ma nouvelle existence

Port-au-Prince, le 6 octobre 2010

J’ai atterri à l’aéroport de Port-au-Prince, comme convenu, le samedi 02 octobre à 14h40 heure locale, après 13h de voyage dont 1h 30 d’escale sur l’île de Saint-Martin, territoire d’outre mer des Pays-Bas.

Je logerai, durant ces trois prochains mois dans la banlieue de Port-au-Prince (mi campagne, mi banlieue) plus précisément dans le quartier de « Bon repos » ! Ça ne s’invente pas ! Je suis hébergée par Boncy, Saskia et leurs deux enfants. Au départ de Paris, je croyais que nous allions être cinq dans la maison. En fait Boncy et Saskia habitent chez les parents de cette dernière avec ses six frères et sœurs… Y habite aussi la sœur de Boncy, Rose-Mili, son mari leurs deux enfants, sans compter d’autres personnes encore dont je n’ai pas établi, pour l’instant, la filiation (ou pas…) La maison abrite également l’école « Jardin fleuri », qui dispense des cours de niveaux section préscolaire (maternelle) et fondamentale (primaire).

J’ai une chambre à moi toute seule ainsi qu’une terrasse couverte peinte en rose et blanc. Ma chambre n’a pas de fenêtre à l’emplacement prévu... A la place  il y a des espèces de pierres décoratives avec pleins de trous qui laissent passer l’air et… les moustiques ! (Je remercie au passage Ketty pour m’avoir offert une moustiquaire) En fait, je suis logée dans une salle informatique en devenir. De vraies fenêtres n’étaient donc pas prévues ! Cœur d’Haïti a déjà collecté et envoyé de vieux PC qui n’attendent qu’à être installé. Il manque juste la connexion Internet et un groupe électrogène pour assurer une alimentation permanente en électricité. Il faut dire qu’ici les coupures sont de plusieurs heures par jour !

Les haïtiens consomment deux repas copieux par jour. Mon premier petit-déjeuner a été composé d’avocats, de bananes bouillies et d’une omelette pimentée, servie avant 10h du matin. C’est la coutume ici : Commencer la journée en pleine forme ! Le deuxième repas ressemble beaucoup à celui du matin : Il y a forcement de la banane, de l’avocat ou du riz dans l’assiette.  Il est servi entre 16 et 18h, exit le fromage et le dessert ! Un plat c‘est tout !

Passées ces considérations d’ordre matériel, je dois aussi dire que j’ai été accueilli comme une princesse (que j’ai toujours été par ailleurs) ! Tout le monde s’occupe très bien de moi et ils sont tous aux petits soins.

Pour moi qui suis nigérienne, Haïti est un havre de végétation. Il y’a des arbres partout ! Notre maison est envahie de plantes et d’arbres de toutes sortes. Il y a aussi (et surtout) des cocotiers. Des vrais, pas ceux de Paris-plage ! Je vois les gens en boire le jus et en manger la chaire tous les matins. Je me dis que ça doit être délicieux… Euh oui, je n’ai pas encore goûté pour l’instant. Il ne me le propose pas parce qu’il me prenne pour une française, une « blanche » qui ne boit pas le lait de coco que dans son « emballage » Moi une « blanche » ? Je me dis qu’ils sont tous des problèmes de vue ! J’ai dû en réclamer… C’est donc à cause de ce trouble de vision généralisé que je n’ai pas encore eu droit à ma noix de coco… J’ai beau expliqué que je suis nigérienne, africaine, noire, que je ne vis en France que depuis 2001, rien n’y fait ! Ils sont bornés. Mais c’est promis j’y aurai droit demain… J’ai hâte !

Petite particularité haïtienne : Ici, il n’y a que deux catégories d’individu :
-          l’haïtien, qu’il soit noir ou métissé,
-          l’étranger, le « blanc », qu’il soit effectivement blanc ou noir, chinois, américain… En somme, le reste du monde !
Allez savoir « pou ki sa » (« pourquoi »i en créole…)

Enfin, ici comme dans beaucoup d’autres pays, les jeunes n’ont pas de travail… J’entends par jeunes les 22-30 ans qui ont terminé leurs études et qui retrouvent dans le quartier ceux qui ont abandonné des années plus tôt (beaucoup d’années plus tôt pour certains…) pour discuter, siroter de l’alcool et… c‘est tout ! Une de leur activité favorite est de passer leur temps sur le toit des maisons. J’ai trois explications à ce hobbies : soit c’est parce que c’est la saison des pluies, qu’il y a des flaques d’eau partout et qu’ils préfèrent s’abriter là-haut ; soit parce qu’ils sont trop croyant (ici tout le monde croit fermement en Jésus) et que c’est leur façon à eux d’être plus proche du ciel ; ou encore, c’est pour mieux rêver d’un avenir meilleur… Je vous laisse le choix de la réponse !

A bientôt pour de nouvelles aventures.

vendredi 8 octobre 2010

Vendredi 1er octobre - Premier contact avec Haiti

Après une longue et pénible journée de vendredi, me voici à 1h du matin face à mes valises bouclées, fine prête à affronter la vie haïtienne avec toutefois beaucoup d’appréhensions.  Je décide alors d’appeler, par pure politesse, la personne chargée de me récupérer à l’aéroport de Port au  Prince, pour lui confirmer personnellement l’heure de mon arrivée.  L’association « Cœur d’Haïti » l’ayant déjà prévenue plus tôt.

Je tombe alors sur une voix d’homme fort enthousiaste.
Moi : « Allo, c’est Rouky. Je suis bien en communication avec Mr x ? »

J’engage par ces mots une conversation somme toute banale. Ce qui l’est moins, c’est que la personne à l’autre bout du fil n’a ni infirmer ni confirmer son identité. Il continu à s’exprimer en créole et moi qui répète inlassablement la même phrase. : « C’est Rouky, je vous appelle de la part de Cœur d’Haïti. » Une fois qu’il s’est résolu à parle français avec un accent à couper le souffle (pire que le mien), je me suis sentie soulagée. Nous pouvons enfin entamer une conversation normale, me suis-je dis. Mais non, commence alors un échange de psychopathe, aucun de nous deux ne voulant donner plus d’information sur sa personne. Mes raisons à moi sont simples : Si ce n’est pas la bonne personne, il ne faut surtout pas que je donne plus d’info sur mon vol, comment je suis, la couleur de ma chemise… par peur que je sois interceptée à l’aéroport, conduite dans un endroit chelou, être violée, séquestrée et laissée pour morte avec un peu de chance !

J’ai donc opté pour la stratégie. C’est à moi de mener la conversation et de lui poser plein de questions avant de donner l’heure de mon arrivée. J’ai élaboré rapidement un questionnaire en béton : nom ? prénom ? nom de la personne avec qui il sera demain ? noms des personnes de « Cœur d’Haïti » qu’il connaît en France ?

Je n’ai reçu de réponse sensée à aucune de mes questions. Après 10 minutes de conversion et ayant vérifié que je suis bien au bon numéro, je décide de raccrocher et  d’appeler directement le président de l’association pour revoir les modalités de mon voyage (à 1h du matin).

J’explique à mon interlocuteur que maintenant, je suis sure de m’être  trompé de numéro et que je suis sincèrement désolée de l’avoir dérangé. J’allais raccrocher, quand j’entends « Ah ! Vous appeler de Paris ? France ? » Je réponds oui. C’est bon me dit il, je suis bien Mr x, je connais bien l’association « Cœur d’Haïti » et le président et je sais que je dois aller te prendre à l’aéroport demain à 14h40.

Ouahh, quel déclic !!!!

Je ne suis pas rassurée pour autant, parce que je suis sensé passer trois mois avec quelqu’un qui mets 10 minutes à admettre qu’il s’appelle bien Mr x ! J’allais m’effondrer quand j’entends ricaner a à l’autre bout du fil… Il m’explique alors qu’il amine le soir une émission de canular à la radio et qu’il lui arrive de recevoir des appels sur son téléphone personnel d’amis qu’il a charrié à l’antenne et qui voudraient bien, un jour, rendre le coup.

Ouf ! Je pourrai prendre mon avion le lendemain matin à 9h. Donc levé 5h pour être à Orly à 7h. Pourront alors commencer de nouvelles aventures ! A venir...